Se sentir MAL dans une entreprise qui va bien : le paradoxe du stress

La majeure partie des entreprises se portent bien économiquement, voire très bien. Mais dans ces mêmes organisations, je constate que le stress progresse.

Comment expliquer cet apparent paradoxe ?

D’où vient ce mal que les DRH – avec souvent beaucoup de bonne volonté – peinent à endiguer ?

Il y a, selon moi, deux raisons principales : la pression et la peur

La première n’est pas directement liée à l’individu. Les cadres sont de plus en plus soumis à des impératifs de résultats, dans des contextes de concurrence accrue et de rentabilité forcée. Ils ont intégré cette exigence, au point de croire qu’il est nécessaire de travailler au-delà du raisonnable pour être bien considéré.
Au point de finir par se mettre eux-mêmes la pression, alors que l’entreprise ne leur en demande pas tant en réalité. François de Closet publiait, il y a une quarantaine d’années, un livre intitulé « Toujours plus ». On en est là.
Toujours plus, mais à quel prix ?

Il y a une limite en toute chose et le corps nous le signale à travers des troubles divers, plus ou moins graves : mal de tête, burn out, AVC….

La seconde raison qui explique l’augmentation du stress dans les entreprises est endogène à l’individu

Systématiquement, lors de coachings de personnes en surchauffe, je vois émerger des peurs, conscientes et inconscientes. Normal : sous la pression, ces dernières remontent à la surface. Peur de se faire virer, de ne pas être apprécié, de se faire engueuler en réunion…
Ce sentiment est tellement inconfortable que travailler jusqu’à point d’heure est une façon pour le cerveau de se donner l’impression que l’on est compétent et que l’on aura rien à se faire reprocher.
Ces peurs activent aussi un mécanisme qui pousse les gens à intensifier leurs actions, à faire toujours plus. Mais la surcharge mentale les fait passer en mode « double tâche », un fonctionnement beaucoup moins efficace que s’ils étaient focalisés sur un seul sujet. Plus dramatique : plus quelqu’un va mal, moins il demande de l’aide ou accepte d’être aidé. Les facéties de notre cerveau nous isolent, l’épuisement nous rend inefficace. Attention, danger !

 

Ricardo Croati