Pour progresser, il faut se tromper

En théorie, l’essai est valorisé en entreprise. Mais soyons réaliste : en pratique, ce n’est pas toujours le cas.

Si vos tentatives n’aboutissent pas, on ne vous en voudra pas la première fois. La deuxième fois, ça passera, mais tout juste.

A la troisième erreur, vous risquez le recadrage…

Je milite pour un véritable droit à l’essai, indispensable pour faire progresser les individus et les organisations

Ce mécanisme essai-erreur est bien vu en sciences, beaucoup moins en entreprise. Or c’est le seul chemin vers la réussite. Comme le disait l’entrepreneur américain, Thomas Edison, fondateur de General Electric :

«Je n’ai pas échoué des milliers de fois. J’ai réussi des milliers de tentatives qui n’ont pas fonctionné».

Les neurosciences nous éclairent sur ce sujet : le cerveau a impérativement besoin de se confronter à la réalité pour ancrer une action ou une idée. Sinon, on assiste à un phénomène bien connu en sciences cognitives : l’illusion de maîtrise.

Tant que l’individu ne fait pas, il a l’impression de savoir : le cerveau a en effet besoin de digérer l’information et d’être mis en situation de test pour corriger le tir. Savoir ce qui est juste, de ce qui ne l’est pas.

Selon le cône d’apprentissage d’Edgar Dale,  après deux semaines, nous retenons 10% de ce que nous avons lu, 20% de ce qu’on a entendu, mais 90% de ce qu’on a dit et fait !

Il faut aussi créer les bonnes conditions pour que ce mécanisme soit opérant : placer ses collaborateurs en situation de test, avec bienveillance, en favorisant les retours d’expériences et en dédramatisant l’erreur. Essayer, expérimenter, échouer : c’est indispensable pour progresser.

Se tromper fait partie de la réussite !

Cela implique d’accepter les erreurs qui, seules, permettent les ajustements. Comme on le ferait pour un enfant qui apprend à marcher. Ou à l’égard de nous-mêmes quand nous essayons de nouvelles choses et que nous y allons à tâtons…

Pourquoi alors sommes-nous si prompts à la sanction lorsqu’il s’agit d’un collaborateur ? Cela ne fait que mettre celui-ci dans une situation d’insécurité psychologique et d’hésitation.

Aux Etats-Unis, l’échec est accepté et valorisé : celui qui tente et qui se plante a plus de valeur que celui qui n’ose pas. Sur ce point, il serait judicieux de nous inspirer de nos voisins d’outre-Atlantique.

Le philosophe Charles Pépin nous montre aussi – avec intelligence et beaucoup d’exemples – la voie à suivre dans son excellent livre « Les vertus de l’échec ». Prêt à échouer ?

 

Ricardo Croati